Un immense gâchis


Les Tunisiens "de Lampedusa" victimes de surenchère gauchiste

Après le 14 janvier, profitant de l’absence de surveillance, des milliers de jeunes tunisiens qui rêvaient depuis longtemps de "l’eldorado européen" ont pris des embarcations de fortune pour traverser la méditerranée. En deux jours, l’île de Lampedusa et ses 6000 habitants ont vu débarquer des milliers de réfugiés.

Photo AFP

Les droites populistes et xénophobes de toute l’Europe, n’ont pas mis longtemps pour y voir une aubaine électorale et s’en saisir… Notamment le ministre de l’Intérieur italien, Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord, qui proposait une surveillance par l’Italie des côtes tunisiennes. Il a vite été recadré par les autorités tunisiennes  qui, bien que transitoires, ne sont pas pour autant conciliantes quand la souveraineté nationale est égratignée. La visite de  Berlusconi a permi de calmer les esprits, avec à la clé, un accord pour la régularisation de plus de 22 000 Tunisiens, déjà passés par Lampedusa, en échange d’un renforcement de la  surveillance des côtes tunisiennes pour l’avenir. Cette régularisation était le moyen pour Berlusconi de calmer ses alliés d’extrême droite, en passant la patate chaude à ses voisins signataires des accords de Schengen, tout en secouant au passage l’Europe politique.

C’est dans ce contexte que quelques centaines de migrants tunisiens sont arrivés à Paris. Quelques uns ont la chance de connaître de la famille ou des amis pour les héberger, mais la majeure partie d’entre eux s’est retrouvée à errer dans les parcs et squares de l’est parisien. Les ONG et associations ont été prises au dépourvu, mais n’ont pas traîné à s’organiser tant bien que mal. La communauté tunisienne aussi s’est mobilisée, quelques associations, mais surtout des personnes non organisées sont allées spontanément à la rencontre de ces jeunes, pour les orienter (beaucoup des migrants ne parlent pas français) ou leur apporter aides et vivres.

Le squat avenue Simon Bolivar

C’est dans ce contexte qu’une cinquantaine de Tunisiens « de Lampedusa » ont suivi des militants de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) d’Ile-de-France et de l’obscur Front de libération populaire de Tunisie (FLPT), pour aller squatter un bâtiment vide de la Mairie de Paris (au 51 avenue Simon Bolivar dans le 19e arrondissement). Le nombre de migrants n’a cessé de s’accroître au fur et à mesure que la nouvelle se propageait, ils étaient autour de 130 personnes le soir du 3 mai, mais aucun recensement sérieux n’a pu être effectué, une volonté du CIP.

Dès le lendemain du squat, les négociations avec la Mairie ont commencé, entre des représentants des squatteurs, accompagnés par des militants du CIP, et la Mairie, qui a dépêché plusieurs personnes, dont Yacine Chaouat (Maire-adjoint du 19e) et Halima Jemni (conseillère de Paris), d’origine tunisienne, ce qui a considérablement facilité le contact avec les migrants (compatibilité de langue oblige). Le 3 mai, les migrants et la Mairie ont abouti à un accord : 100 lits, disponibles le soir même, pour un mois dans un foyer rue du Faubourg St. Honoré, géré par l’association l’Aurore ; ainsi que 50 autres lits disponibles, dès le lendemain. Les migrants ont accepté, mais cette solution ne convenait pas aux anarchistes du CIP. A partir de là, rien ne va plus.

Dans le squat, les migrants sont désorientés, ils reçoivent des informations contradictoires, ils ne savent pas ce qu’ont donné les négociations ou combien d’entre eux peuvent prétendre à un lit, ni où s’inscrire pour être prioritaire.

Le soir, au moment de partir vers le foyer d’hébergement, plusieurs militants du CIP essaient de convaincre les migrants de ne pas partir, ils leur disent que la police les attend dans le métro et que le seul lieu où ils peuvent être en sécurité est le squat. Leur objectif est clair : ils ne veulent pas quitter les lieux. Pendant ce temps là, les militants de ce fameux FLPT sont aux abonnés absents. 

Pour rassurer les migrants, le Maire-adjoint du 19e obtient le droit de les transporter en car. Mais hélas, c’est trop tard, un militant du CIP est monté sur le toit, il fait mine de vouloir sauter. A l’arrivée des pompiers, c’est la zizanie et le départ est compromis. Un dame tunisienne qui aidait les migrants depuis le square de la Villette et qui essayait d’organiser le départ, s’est faite insulter, les militants du CIP ont même essayé de faire croire aux migrants qu’elle était de la police politique de Ben Ali. Ce soir là, seules quinze personnes (sur les 100 prévues) ont pu, malgré tout, aller dans l’hébergement proposé par la Mairie.

Le lendemain, vous connaissez tous l’histoire, les CRS ont délogé les migrants. Plus de 83 migrants de Lampedusa ont été arrêtés,  ceux d’entre-eux qui font déjà l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière sont envoyés en  centre de rétention en vue de leur expulsion. D’autres, une trentaine de détenteurs de titres de séjour italiens, sont renvoyés vers l’Italie.

Les migrants instrumentalisés

Ces jeunes se sont retrouvés au cœur d’enjeux politiciens qui les dépassent, entre une droite qui a fait de la lutte contre l’immigration un fond de commerce et une extrême gauche qui n’hésite pas à les utiliser pour en découdre avec les autorités. Le CIP s’en sert clairement pour régler un litige avec la Mairie de Paris.

 Le CIP et la FLPT n’ont pas hésité à tromper et à mentir à ces jeunes, ils ont voulu récupérer le symbole que représentent les Tunisiens « de Lampedusa »  sans se préoccuper d’aider les hommes.

Ils récidivent aujourd’hui en occupant un gymnase (appartenant là encore à la Mairie de Paris) avec des revendications farfelues (ex : imposer que les Tunisiens soient hébergés par groupe de 100, des centres en auto-gestion...).

Leur action se fait au détriment du travail d’autres organisations, plus sérieuses, à l’instar de France Terre d’Asile ou la Cimade. Ces dernières veulent obtenir à ces jeunes une situation digne ou à défaut un retour dans la dignité : une prime au retour ou une formation professionnelle avant leur rapatriement.

Un immense gâchis pour lequel le CIP et la FLPT doivent être tenus pour responsables.


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