Un socle social pour sauver la Révolution


Le 15 janvier : Ben Ali est déchu, le Conseil constitutionnel constate la vacance du pouvoir et proclame Foued Mbazaa, président de la chambre des représentants, Président de la République par intérim.

Le 18 janvier : Foued Mbazaa, Président par intérim et Mohamed Ghannouchi, Premier ministre démissionnent du RCD.

Le 27 janvier : un nouveau gouvernement de transition est formé, après des jours de contestation de jeunes, venus de plusieurs régions dans les Caravanes de la liberté, qui ont refusé que des proches de Ben Ali gardent des portefeuilles ministériels.

Le 3 février : remplacement de 34 responsables et directeurs du ministère de l’intérieur et de l’ensemble des gouverneurs.

Le 7 février : les activités du RCD sont suspendues et les réunions de ses responsables sont interdites. Un préalable à sa dissolution par la justice.
Autant d’acquis d’une révolution qui, malgré plus de 200 morts, n’était pas si violente au regard de  ce qui a été obtenu.

Mais aujourd’hui, les récits (ou rumeurs ?) de meurtres, de viols et d’enlèvements deviennent le sujet de conversation dans les différentes villes du pays qui tentent, tant bien que mal, le retour à la normale. Parfois même, des rumeurs et des manipulations peuvent mettre le feu à une ville, c’était le cas au Kef, ce qui ne rassure pas  les Tunisiens. Certes, cette situation n’est pas une surprise dans un pays qui vient de vivre de tels évènements. Mais voilà, les Tunisiens sont las de l’insécurité et la situation confuse que traverse le pays.


Fonder un socle social
Il est légitime, après plus de vingt ans où le régime n’a laissé  aucun espace de liberté d’expression politique ou syndicale, qu’aujourd’hui les différentes revendications émergent. Mais ce qui est inhabituel, c’est que ces revendications ne tiennent guère compte des réalités des institutions et des entreprises auxquelles elles s’adressent, elles sont pilotées par les restes des sections professionnelles, pourtant dissoutes, du RCD.

Sans une négociation nationale interprofessionnelle entre les représentants syndicaux (UGTT) et le patronat (UTICA), les grèves des fonctionnaires et des salariés du privé  ressemblent plus à de l’opportunisme de situation. Au regard des évènements que traverse le pays, des menaces qui guettent la Révolution et le travail de réforme politique en cours, ces agissements font le terreau de la contre-révolution.

Neutraliser la contre-révolution
Il faut que l’Etat, l’UGTT et l’UTICA établissent un accord national global pour une première correction des travers après 20 ans de laisser-aller en matière de droit social, pour que les fonctionnaires et les salariés reprennent au plus vite leur poste, avec les garanties sociales qui y sont liées. Ce qui est annoncé par Foued Mebazaa dans son discours du 9 février. D’autres négociations pourront se tenir plus tard, dans les branches et les entreprises, sur la base de ce nouveau socle social, en toute sérénité.  

Il faut que les chaînes de télévision tunisiennes cessent la surenchère populiste, en bombardant à longueur de journée de demandes individuelles, parfois farfelues, sans contextualité ou analyse pour éclairer les téléspectateurs.

Il faut, enfin et surtout, que l’appareil sécuritaire se remette au travail pour rétablir l’ordre et sa crédibilité. La sécurité revenue, il sera temps de relancer le tourisme et l’économie.

Le Gouvernement de transition, légal mais peu légitime, a besoin de la mobilisation de tous pour la sauvegarde de la révolution. Cette dernière a besoin du Gouvernement et de tous les Tunisiens pour aboutir sans que, consciemment ou inconsciemment, certaines parties ne la pervertissent.         

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