Elections : Il faut se hâter avec lenteur


Les Tunisiens s’impatientent, ils misent tellement d’espoirs sur cette révolution, qui n’a toujours pas porté ses fruits. Une révolution qui attend qu’un gouvernement sorte des urnes pour apporter une réponse politique aux attentes qu’elle a suscitées. En attendant, un gouvernement de transition essaie de gérer les affaires courantes. Ce gouvernement, peu importe sa bonne foi, est à peine légal et pas du tout légitime, mais ô combien nécessaire. Il est surveillé de près, chacune de ses décisions est regardée avec suspicions  et aucune de ses maladresses n’est pardonnée. La situation est politiquement tendue et risque de pourrir à tout moment.  L’élection de la Constituante est plus que nécessaire et urgente.

Mais voilà, Kamel Jendoubi, président de la Haute Instance Indépendante pour les élections, a annoncé que les délais ne sont pas tenables. Le scrutin pour la Constituante, initialement prévu pour le 24 juillet, devrait être reporté au 16 octobre.

Un drôle de dilemme : le statu quo institutionnel avec un risque de pourrissement de la situation que cela peut représenter ; ou des élections mal préparées avec la menace de fraudes que cela peut représenter.

Le président de l’Instance Indépendante pour les élections, a annoncé qu’ils sont dans l’incapacité de garantir des « élections démocratiques, pluralistes et transparentes ». Un argument de poids, venant d’un homme que je considère comme intègre, qu’on ne peut taxer d’être à la botte de l’ancien pouvoir qui lui a fait vivre 17 ans d’exil, on ne peut lui reprocher  d’être derrière des calculs politicien, lui qui a fait des droits de l’Homme le combat d’une vie. Ceux qui n’ont trouvé rien d’autre que son hypothétique double-nationalité comme critique, ne méritent même pas une réponse tant c’est un argument des bas-fonds du populisme, utilisé maintes fois par les sbires de Ben Ali pour contrer ses opposants exilés. Ce n’est pas à cela que doit ressembler la politique dans la Tunisie post 14 janvier.

Avec l’élection de l’assemblé constituante c’est l’avenir de la Nation qui est en jeu. Non seulement à court terme, cette assemblée devant dégager une majorité pour avoir un exécutif,  mais surtout à long terme en rédigeant une constitution qui impactera la Tunisie du 21ème siècle, voire au-delà. Ces élections doivent se passer dans des conditions optimales et ne peuvent être entachées de quelque doute que ce soit sur leur transparence ou dans leur déroulement. Cet enjeu dépasse de loin les desseins politiciens des uns et des autres.


Bien qu’il soit difficile d’être assuré que la Tunisie passe indemne les cinq mois qui la sépare du 16 octobre, reporter les élections est une sage décision. L’enjeu est trop important pour risquer de s’aventurer dans un scrutin mal préparé. 

2 commentaires:

  1. Tout a fait d'accord !
    C'est malheureux qu'on mette le peuple dans ce dilemme, alors qu'on sait déjà sa position adrenalinisé !

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  2. Tout à fait d'accord. C'est bien ce que j'ai dit moi aussi. Et je me suis faite insulter pour avoir OSE dire cela!!!!

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