Pendant ce temps là, Ennahdha fait de la politique


Certains partis, autrefois d’opposition, participent aujourd’hui au Gouvernement de transition. On ne peut pas, selon moi, les blâmer, le Pays avait besoin d’eux. Outre la gestion des affaires publiques, ils se retrouvent aujourd’hui occupés à justifier leur choix face à l’opinion, mais aussi face à leurs anciens partenaires.

D’autres partis, autrefois illégaux, se retrouvent à faire du public relation : ils vont de plateaux en plateaux, raconter à quel point les années Ben Ali étaient dures pour eux. Souvent, ils ont des leaders médiatiques, parfois avec des égos surdimensionnés, mais sans assise populaire et sans projet lisible. Et pendant ce temps là, Rached Ghannouchi fait de la politique.

Le leader d’Ennahdha a tout compris. Ce n’est pas vraiment dans les prochaines élections que va se jouer l’avenir politique du Pays. Le scrutin sera  sûrement transparent, mais dans un paysage politique encore incertain, le débat risque d’être chaotique et les candidats inaudibles. Les électeurs choisiront certainement par dépit, peut-être une personne de l’ancien régime qui se sera racheté une vertu,  avec un nouveau parti et de « nouvelles têtes ». Le seul qui puisse avoir un réseau de militants sur tout le territoire et qui profitera des divisions de l’opposition.

Rached Ghannouchi a annoncé qu’il ne briguerait pas la mandature suprême, il veut ainsi se placer au-dessus de la mêlée des prétendants qui vont s’affronter dans une campagne démocratique où tout le monde sera novice : les médias, les électeurs et les candidats eux-mêmes. Ces candidats y laisseront des plumes, certains ne s’en relèveront pas, ni leur parti d’ailleurs.

Rached Ghannouchi
le leader du Parti Islamiste Ennahdha
Rached Ghannouchi est conscient que son parti a, à peine, survécu aux années Ben Ali : ses cadres détruits par la prison, la torture et le harcèlement de la police politique. Comme plusieurs partis de gauche d’ailleurs. Mais contrairement à eux, il reconstruit son parti en renouvelant la direction et en convoquant un congrès. Il fait la tournée des médias, même des blogs, pour rassurer une opinion tunisienne peu sensible à son projet aux relents théocratiques (voir interview de Yassine Ayari). Le leader d’Ennahdha a l’air de préparer le coup d’après.



En 2016, si nous demeurons dans cette configuration de régime présidentiel et avec le calendrier actuel, les Tunisiens qui ont connu deux présidents « élus » en 50 ans vont avoir envie de changement. A ce moment là, qui pourra faire face au Président élu en 2011 ? (surtout s’il s’agit des  restes du RCD ) Au Parlement, quels partis pourront faire une majorité s’ils se sont décrédibilisés en 2011 et qu’ils peinent à gagner leur crédibilité pendant la mandature ?

Ghannouchi mise sûrement sur cette configuration, non pas forcément pour lui, mais surtout pour son mouvement.

2 commentaires:

  1. Très bonne analyse! ne nous laissons pas leurrer par l'apparente "ouverture d'Ennahdha!

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  2. c'est un homme malin, et espérant bien que son parti soit à la hauteur

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