Ils ont fait notre Révolution

J’ai voulu écrire ce billet après avoir lu un article de Jeune Afrique intitulé « Révolution tunisienne : des symboles et des héros ». J’ai trouvé qu’il était léger et ne relatait pas vraiment ce qui avait marqué mes nuits blanches. C’est vrai qu’il est difficile de faire une liste exhaustive des héros de cette révolution, je vais me contenter de parler de ceux qui m’ont marqué.



Les villes pionnières et leurs martyrs, Sidi Bouzid et Mohamed Bouazizi en tête. Plusieurs villes ont commencé une révolte pour la dignité, essuyant les tirs à balles réelles d’une police qui avait oublié d’être républicaine. Je pense à Gafsa (depuis deux ans), Kasserine, Thala, Feryana, Menzel Bouzayane… le cœur de la Tunisie.



Les avocats de Tunisie et leur ordre qui, dès le début des révoltes en décembre, se sont mis en grève, en solidarité avec Sidi Bouzid. Je retiendrai l’intervention de Abdennaceur Aouini, avocat et brillant orateur. Sa sortie, très émouvante, où il crie sa joie d’être libre, dans l’avenue Habib Bourguiba, le soir du 14 janvier, a déjà fait le tour du monde arabe.



El Général, jeune rappeur qui a adressé une chanson au Président. Son seul tort, c’est d’avoir évoqué le malaise social du pays. Il s’est fait arrêter pour une chanson.



Les syndicalistes de l’UGTT, mobilisés dès le début du mouvement. Malgré certains responsables, proches du pouvoir, l’organisation a parfaitement joué son rôle, autant au niveau local que national. Ils en ont payé le prix après la chute de Ben Ali avec une campagne de diffamation, orchestrée par le RCD… Ou peut-être était-ce l’appareil sécuritaire ? On le saura un jour. Je retiendrai particulièrement la vibrante intervention de cette jeune militante, le 8 janvier, devant le siège de la centrale, place Mohammed Ali à Tunis.



Les Caravanes de la liberté, avec ces centaines de jeunes venus de toutes parts. Ils ont gardé la foi quand beaucoup voulaient se contenter d’une révolution inachevée. Ils ont résisté aux diffamations et aux intimidations. Grâce à eux, le gouvernement est assaini.  




D’une manière générale, toutes les tunisiennes et les tunisiens qui sont descendus dans les rues, de toutes les villes du pays, pour crier leur haine de l’oppresseur, leur soif de Liberté. Ils n’ont pas supporté de voir qu’un des leurs se soit immolé par le feu, parce que l’humiliation était trop lourde à porter. Ils n’ont pas accepté de voir leurs compatriotes se faire tirer dessus.

En Tunisie, on n’a pas l’habitude de compter ses morts, il fallait que le responsable le sache et qu’il dégage !


  

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