Impasse politique: à qui la faute ?

Qui est responsable du blocage politique actuel ? Les dizaines de milliers de personnes qui manifestent ? Ou la dizaine qui ne veut pas les écouter ?


Les alarmistes
C’est une épidémie de prophètes de malheurs. Les gens crient au hold-up, dénoncent des intrus qui , tout en continuant la lutte, tentent de leur voler leur révolution. Ils dénoncent le comportement irresponsable de ceux qui continuent à protester, ils crient au danger que court notre économie si la situation perdure. Ils décrètent que ces mobilisations vont favoriser, selon leur humeur du moment, les islamistes ou le « Parti des étrangers ».
Ces risques, en partie, ne sont pas à exclure. D’ailleurs, ce discours a bien pris auprès de l’opinion si j’en crois ce que j’entends ou lis sur Facebook. Mais cette rhétorique ne vient pas de nulle part, c’est le bon vieux discours du RCD, remanié et adapté à la situation actuelle. C’est un chantage à la stabilité. Comme s’il n’y avait pas de solution qui permette la continuité de l’Etat, tout en remaniant le gouvernement et lui donner un peu plus de légitimité en cette période transitoire.

Les intransigeants
Ils réclament le limogeage de plusieurs ministres discrédités par leur passif, on les accuse  d’être intransigeants et donc  irresponsables, l’UGTT la première. Il faut bien un coupable pour détourner l’attention des citoyens de l’absence totale de changement à la tête du pays.  Après tout, pourquoi blâmer une revendication légitime de changement et ne pas s’interroger sur la volonté de certains membres du RCD à rester au pouvoir et à des postes clés ? Pourquoi faire porter la responsabilité de la situation actuelle à ceux qui revendiquent un gouvernement d’unité nationale sans les complices de Ben Ali ? Alors que ce sont ces derniers les irresponsables qui, en refusant de partir, mettent le pays dans une impasse politique.

Le gouvernement de transition
Le Président de la République par intérim (Foued Mbaza) et le Premier ministre (Mohamed Ghannouchi ) ne doivent pas être concernés par ce remaniement. La constitution doit être respectée a minima et la  transition doit se faire avec eux. Mais ce qui est étrange, c’est que le Premier ministre veuille, malgré et contre l’opinion publique, maintenir dans son gouvernement les ministres proches de  Ben Ali (voir article de Mohamed Sifaoui dans le Figaro). Certes, il a fait preuve d’ouverture en prenant des personnalités reconnues et respectées de l’opposition comme Néjib Chebbi, mais il aurait pu avoir recours à d’autres nouvelles têtes, quand bien même elles seraient du RCD.

L’absence d’élection
Sans élections, il est toujours difficile pour un gouvernement (surtout transitoire) de faire l’unanimité. Mais il est possible de former un gouvernement qui puisse rassurer l’opinion. Le Premier ministre, si c’est toujours lui qui a les cartes en main, devrait écouter la rue et remanier son gouvernement, seule option pour gagner la légitimité nécessaire à assurer la transition. 


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